Cette lettre a été écrite dans un contexte de respect et d'admiration mutuelle entre deux hommes de lettres. Maurice de Fleury venait probablement de publier un nouveau livre (à voir lequel). La relation amicale et professionnelle entre Mirbeau et de Fleury se reflète dans le ton de la lettre, qui exprime une grande admiration pour les compétences littéraires de de Fleury.
« Pont de l'arche, Eure. Mon cher confrère et ami. Merci pour le bouquin et pour la trop flatteuse dédicace que vous y avez inscrite.Il est très bien votre livre, et comme vous le dites dans votre préface (que j'aime moins) il y éclate à chaque phrase un amour mâle de la vie, une [narration] de la matière que pour ma part je trouve excellente, forte et [saine]. C'est le « Chant nuptial », malgré vos réticences, que je ne m'explique pas. C'est très beau tout simplement, très noble et très grand.
Le beau livre que vous pourriez faire, le livre de la Vie! Car vous avez cette chance unique d'être ces deux hommes qui ordinairement s'excluent : un savant et un littérateur. C'est-à-dire ce que ne possède aucun de nous. Vous pouvez [sauver] le roman de l'inintelligence [bourrue] où il patauge avec [tous], et de la confiserie gluante, où il s'ensucre avec nous. Ce que j'ai rêvé de l'écrire ce livre! Et comme il me hante et comme il me tente! Mais je suis tout à fait inapte.Et dire que c'est pourtant le seul à faire aujourd'hui. On l'attend de vous. Format : 1 page, in folio, avec enveloppe.
État : bon état, deux déchirures sur la 2nde page (voir photos), écriture bien lisible et encre bien conservée.