
Slnd [jeudi 10 avril 1913] - Lettre publiée à la correspondance Kolb, tome XII, pages 130-131. Jolie lettre de Marcel Proust à son ami Georges de Lauris suite au décès de l'oncle de ce dernier, Jules-Edouard de Wynckele. Georges de Lauris faisait partie de la bande des « jeunes ducs » qui échangeaient beaucoup avec Proust et passaient des soirées dans sa chambre. Il fut un ami intime et donna quelques traits au personnage de Robert de Saint-Loup. Nous sommes à quelques mois de la publication de "Du Coté de chez Swann" le 14 novembre 1913.
Proust est alors dans les innombrables corrections du premier volume d' À la recherche du temps perdu. Cette lettre est tout à fait caractéristique de l'essence des réflexions de Proust dans la Recherche ; réflexion sur le temps, les souvenirs et leurs incarnations. On joint le faire-part de décès de Jules-Edouard de Wynckèle (1850.1913). J'ai beaucoup pensé à vous en apprenant la mort de Monsieur votre oncle.
Je crois que c'était le frère de votre mère, et à cause de cela il devait être un peu le dépositaire de mille souvenirs, même des souvenirs du temps où votre mère n'était pas encore votre mère. Peut-être même dans certains traits physiques la rappelait-il. Peut-être aussi pensez-vous au chagrin qu'elle aurait eu (quoi que sans doute le grand chagrin pour elle a été si elle a su qu'elle vous quittait et que vous seriez si malheureux).Enfin Georges, il n'est pas un seul des sentiments que vous avez pu éprouver que ma tendresse inquiète et mal informée n'ait ressenti. Présentez mes respectueux hommages à Madame de Lauris et à Monsieur votre père.