Lettre signée inédite Paul VERLAINE au peintre AMAN-JEAN portrait sept 1892 #2

  
Paris - Hôpital Broussais - 30 salle Lasègue - 96 rue Didot. 14,3 x 10,5 cm. VERLAINE HOSPITALISÉ ET DANS LE DÉNUEMENT DEMANDE L'ARGENT DE LA VENTE DE SON PORTRAIT AU PEINTRE EDMOND AMAN-JEAN. Sans doute à la campagne vous. À Broussons-lez-Montrouge, pour bobos très bientôt guéris.

Vais donc sortir fin courant. Besoin de quelques sous pour habits, blanchissage. Si vous aviez vendu le portrait, ou espériez le vendre, n'était-il pas un peu convenu que votre modèle toucherait quelque obole?

Excusez et croyez-moi bien vôtre. Réponse le plus tôt possible s'il vous plait. Sur un portrait enfin reposé de moi. Vous m'avez pris dans un moment de calme familier. Où le masque devient comme enfantin comme à nouveau.

Tel j'étais, moins la barbe et ce front de tête de veau. Vers l'an quarante-huit, bébé rotond, en Montpellier. J'allais dans des Peyroux, tranquillement avec ma bonne. J'y faisais mille et des fortins de sable inexpugnables.

Et des fossés remplis, mon Dieu, des eaux les moins potables. Suivant l'exemple que Gargantua pompier nous donne. J'y voyais passer des processions, des pénitents.

Et proclamer la République en ces candides temps. Où tant d'un tas d'avis n'étaient pas encore inventés.

Mais malgré ce souci de nos jours qu'il agite et trouble. Au tréfonds de mes moelles encor butées. Je demeure assuré, -conforme à votre excellent double.

Verlaine était retourné à l'hôpital Broussais le 11 août 1892, salle Lasègue, lit 30, pour "éruption de sang, furoncule [sic], indépendamment de rhumatisme antique et de diabète", comme il le précisait à Léon Deschamps dans une lettre du mardi 23 août 1892. Hospitalisé, plongé dans des difficultés financières, le poète espère de la vente de son portrait par Aman-Jean la possibilité d'en tirer quelques subsides pour se vêtir et faire laver son linge...

On sait par un article du Gil Blas de 1912 que le beau-frère d'Edmond Aman-Jean, Claudius Jacquet, fit l'acquisition du portrait à l'occasion d'une "loterie entre ses amis au bénéfice du poète". Si le portrait, ainsi que des lettres de Verlaine à Aman-Jean ainsi que le fameux manuscrit du sonnet à Aman-Jean furent vendus par la famille à des époques indéterminées, cette lettre ainsi qu'une autre que nous proposons sont restées totalement inédites jusqu'à aujourd'hui.

E secrétaire de la Nouvelle Revue, Claudius Jacquet, beau-frère du peintre Edmond Aman-Jean, avait truffé cette lettre dans le tome 1 des Oeuvres Complètes de Paul Verlaine (Paris, Vannier, 1902, mention de 3e édition, relié par Henry Mériot, à Rochefort où Claudius Jacquet était sous-préfet à partir de 1920 ; couvertures conservées). Bibliophile aguerri, Jacquet enrichissait systématiquement ses livres, toujours reliés à son chiffre C. De lettres à lui adressées, mais également adressées à son beau-frère Edmond Aman-Jean, à son beau-père le Félibre Félix Gras ou encore à la directrice de la Nouvelle Revue Juliette Adam. A ce propos, nous vendons une autre lettre inédite de Verlaine à Edmond Aman-Jean, celle-ci datée de janvier 1892 et relative aux séances de pose pour la réalisation du portrait. Soucieux de ne pas dénaturer ce document historique, nous laissons au soin de l'acheteur d'apprécier s'il souhaite le conserver en l'état ou démonter la lettre.

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1. Nombre de pages: 1
2. Epoque: Belle Epoque
3. Objet modifié: Non
4. Type: Autographe, Dédicace
5. Sous-type: Autographe sur papier
6. Pays de fabrication: France
7. Région: Ile-de-France
8. Thème: Littérature