LETTRE AUTOGRAPHE - JOURNALISTE & ECRIVAIN FRANCAIS XIX/XXe. ACTION FRANCAISE - WW1 - GUERRE 14-18. Belle Lettre de 8 pages. (sous officier d'artillerie pendant la guerre).
Très belle et rare lettre d'un combattant de l'infanterie. À un autre combattant de l'artillerie. De la guerre de 14-18. Évocation des problèmes de liaison sur le front. Et évocation, entre autres, du "Chemin des dames".
Cher monsieur, votre lettre après s'être un peu promenée m'arrive aujourd'hui; sa lecture m'a charmé et je m'empresse de vous remercier pour vos charmantes paroles; je crois que les deux armes qui sympathisent avec le plus de vigueur sont la votre et la notre; l'offensive et la défensive ne valent que par l'étroite union du canon et de la baïonnette, cette dernière du reste n'étant citée qu'au point de vue symbolique, bien qu'elle ait servi parfois; Je serais navré s'il y avait dans mes souvenirs quelques phrases obscures, et de nature à peiner nos camarades artilleurs; vous m'expliquez clairement les raisons de ces erreurs homicides, si démoralisantes pour l'homme resté dans un trou; elles viennent surtout d'une insuffisance de la liaison et je suis bien persuadé que jamais nous ne parviendrons à la rendre impossible; cependant je crois qu'il convient d'y ajouter la négligence de certains groupes, où les observateurs, mal renseignés ou indifférents, ne prennent point garde aux signaux... J'ai vu en effet damander à plusieurs reprises l'allongement du tir sans obtenir de résultats; le 4 mai 1917, une compagnie du 49e d'Infanterie, demeura durant une partie de l'après-midi sous le feu des 155; elle était en réserve sur la pente sud du plateau de Vauclerc; les fusées montaient de minute en minute, sans commander le silence à la batterie; à défaut d'autres explications, j'avais pensé que l'observateur tournait le dos à son poste, ou jouait aux cartes, comme nos poilus le faisaient régulièrement lorsqu'ils étaient de garde dans la tranchée de première ligne; cette négligence très française qui nous valut souvent des incursions ennemies dans nos lignes, a pu peut-être se produire chez les artilleurs, comme chez nous, dans les batteries où les officiers ne surveillaient pas leur monde d'assez près; remarquez que j'écris là une simple hypothèse que je n'ai jamais pu vérifier. En période d'action, il est inévitable de recevoir quelques obus français sur la figure, on avance; avant que le commandement ait pu transmettre des renseignements précis de la nouvelle situation, l'ennemi contre-attaque; on demande le secours de l'artillerie, et les éléments qui se trouvent en pointe risquent fort d'écoper, ce sont les risques du métier; dans ce feu du combat, le fantassin ne peut croire que d'autres ignorent son emplacement; il s'en prend à ceux qui lui cassent la figure et les abreuve d'injures, ce qui est excellent pour le soulager de sa colère; quand le calme est revenu, on lui explique et il comprend; j'ai écrit dans l'agonie du Mont renaud, une page sur les liaisons, mais sans aucune prétention scientifique, car mon livre doit être et doit rester le livre d'un soldat du rang; il ne faut pas prendre ce qui s'y trouve d'une manière absolue; je me suis trop bien rendu compte, malheureusement de la part d'aléa qui existe dans ce beau mécanisme pour dire que nous en sommes à la perfection; j'ai étudié cette question de près à St-Cyr, avec d'autant plus d'intérêt, que j'ouvrais le livre après avoir connu et vécu durant 3 années ce cas concret et je vais quelquefois à mon régiment de réserve actuel faire quelques exercices volontaires; le mois dernier j'ai suivi une manoeuvre de cadres, montée pour la seule étude des liaisons et malgré que n'eussions ni rafales de mitrailleuses, ni barrages réels, tout n'allait pas à merveille; entre les unités d'infanterie, la liaison est déja fort précaire; après le Mont-renaud, notre division fut jetée dans le flanc de la masse d'attaque boche qui venait d'enfoncer le chemin des dames; nos trois régiments soutenus par la Légion étrangère progressaient de trois kilomètres; un ordre d'arrêt de progression parvint à nos camarades du 123e et du 144e et ne nous toucha point; le 57e continua d'avancer, l'ennemi lançait au même moment une contre-attaque de grand style; le 144e obligé de céder du terrain fit prévenir notre colonel qui ne reçut pas cet avis; le 57e demeura durant 3 jours encerclé par l'ennemi; après avoirsoutenu une lutte qui est la plus belle de son histoire, il groupa ses derniers survivants et réussit à regagner l'arrière où il organisa un groupe désigné sous le nom de plateau de la raperie, et sur laquelle l'élan boche fut définitivement brisé; la plus forte compagnie après cette affaire comprenait 28 hommes!Cette hécatombe provenait encore d'une insuffisance de la liaison; je ne sais quel sera mon rôle lors de la prochaine guerre, mais jevous assure que de ce côté là j'ouvrirai l'oeil; si vous voyez dans mes chapitres quelque parole à sens douteux, et préjudiciable à cette belle artillerie qui nous rendait le courage sur les champs de bataille, veuillez me la signaler et je me ferai un devoir de la modifier; veuillez croire cher camarade à mes meilleurs sentiments... Prix Montyon - prix littéraire (1922).
Georges Gaudy, né le 18 février 1895 à Saint-Junien et décédé le 9 février 1987 à Saint-Mandé. Est un écrivain et journaliste français. Mobilisé au 57e RI à partir de février 1916, il y combattra jusqu'à la fin de la Grande guerre.
Après guerre, Georges Gaudy commence une carrière d'écrivain et s'engage aux côtés de l'Action française. Il publie ses souvenirs en 4 volumes.
Les trous d'obus de Verdun (1922). Le Chemin des Dames en feu (1923). L'agonie du Mont-Renaud (1921) et. Le drame à Saconin et l'épopée sur l'Ingon (1930).
Ce combattant devenu écrivain, journaliste et orateur de l'Action française a beaucoup voyagé dans l'Allemagne des années 1935 et écrit des articles sur la montée du nazisme dans ce pays. Il a aussi couvert les débuts de la guerre civile en Espagne. En 1939, il reprend du service et est mobilisé au 107e RI d'Angoulême. À la fin de 1940.
Il rempile pour l'Armée d'Afrique et participe à la campagne d'Italie. Son témoignage lors du procès Maurras lui coûtera ses galons de commandant et le fera renvoyer de l'armée.À partir de 1950, de retour de Vienne, où dans le cadre de la dénazification, il était chargé des archives de la Mission française en Allemagne et en Autriche, son nom réapparait dans le journal Aspect de la France. Dont il sera un temps rédacteur en chef. Georges Gaudy était membre du comité directeur de l'Action française. Et président de l'Association Marius Plateau (anciens combattants d'AF). La France cherche un homme : dix jours avec le fils du roi (1934).
Combats sans gloire : souvenirs d'un officier d'infanterie, mai-juin 1940 (1941). Combats libérateurs (1946), éditions Lardanchet. Autres ouvrages ou nouvelles parus dans des revues. Le 9 novembre à Munich Revue des deux mondes (1935). Les croisés de Nuremberg Revue universelle (1936).
Un réfugié Les ouvres libres (1938). Le bateau ivre Revue de Paris (1936). 2 feuillets de papier blanc, pliés en leur centre formant 4pp. Saint-Junien, le 13 Juillet 1922. [Provenance Georges ou Louis Boulay].Cet item est dans la catégorie "Collections\Lettres, vieux papiers\Autographes\Personnalités historiques". Le vendeur est "amideslivres" et est localisé dans ce pays: FR. Cet article peut être expédié au pays suivant: Monde entier.