"Je donnerais la moitié de mon sang pour améliorer son existence". Monseigneur, Jai reçu la lettre que votre Altesse Sérénissime ma fait lhonneur de mécrire le 1er Octobre 1819, elle mest parvenue le 5 du présent mois. Je profite dune occasion que moffre Monsieur [Jacques] Laffitte Banquier et membre de la chambre des députés pour adresser à Votre Altesse Impériale un petit ouvrage que jai fait imprimer dans le mois de décembre dernier.
Il faut réhabiliter beaucoup de gens épouvantés par nos malheurs à imprimer de nouveau et hautement leurs pensées et faire rougir, sil est possible, ceux qui ont trahis des obligations et des devoirs pour obtenir des faveurs, qui ont renié le passé pour chercher à améliorer leur existence présente, quont-ils prouvé par tant de bassesse, que leur ambition navait été engendrée par aucun noble sentiment, quils nont jamais pensé à la Patrie, que leurs affections nétaient que simulées, leur complaisance de lhypocrisie, leur obéissance de la servitude, observations qui nont pas pu échapper mais on était dans la nécessité de se servir deux faute de mieux. Bien des personnages ont aperçu trop tard leurs sottises.
Lopinion publique sest prononcé sur eux définitivement, elle a fait justice. Pour entendre quelques passages de ma brochure, il faut que Votre Altesse sache que je suis simple légionnaire depuis le 14 Mars 1806, que je nai eu que cinq cent francs de dotations sur le mont Napoléon. Je nai pas cessé de faire la guerre activement. Lempereur ne me connaissait pas et jai été longtemps dans les armées éloignées de lui, il na pu rien faire pour moi : jai tout acquis par mon épée. Eh bien, maintenant surtout quil est malheureux, je donnerais la moitié de mon sang pour améliorer son existence, je le dirais en face de tous les rois et si jétais admis à exprimer devant eux ma pensée et sans doute quils estimeraient ma franchise. Des millions de Français pensent de même , je le manifeste plus hardiment que les autres. Lopinion publique, aujourdhui en France peut être comparée à un ballon colossal qui se gonfle tous les jours de plus en plus dair électrique sous la direction de lesprit national, lair qui entoure cette grande machine est saturée de matière inflammable ; quelques frottements quelle éprouverait ferait bientôt craindre un vaste incendie dont il faudrait se rendre maître pour arrêter ses ravages. LArchiduc Charles dAutriche à qui jai envoyé mon précis sur la trop fatale campagne de 1815 [Campagne de Belgique notamment marquée par la défaite de Waterloo le 18 juin et à laquelle le Général Berton prit part] ma écrit une lettre admirable ; le Prince Eugène en a fait de même et le roi de Suède ma envoyé la Croix de lÉpée dor.Monsieur [Emmanuel] de Las Cases, cet homme si estimable ma écrit également de Manheim, le 30 Xbre 1818 : La coïncidence de votre relation avec une autre dictée à (Ste-Elène) 3.000 lieues de vous doit-être pour vous une cause de vive satisfaction aussi bien quune espèce dorgueil. Il est maintenant à Liège, son fils est à Paris, je le vois quelquefois ; il ma assuré que deux de mes précis étaient parvenus à Ste Elène.
Madame [Albine] Montholon qui est à Bruxelles en a donné la certitude. Je vois souvent de pauvres espagnols ici qui conservent de laffection à Votre Altesse Impériale ; ils ne seraient guère plus heureux dans leur Pays : Tous les effets publiés y ont été annulés, plusieurs étaient entrés en France avec des Valés et nont pu en tirer partie : Jen ai, moi, pour quatre cent mille réaux qui se sont réduits à rien et cest tout ce que javais rapporté dEspagne. Notre gouvernement aurait pu en liquider à bon compte sil avait payé avec ces valeurs Jai lhonneur dêtre Monseigneur avec le plus profond respect de votre Altesse Impériale le très humble et très obéissant serviteur. Jean-Baptiste Berton, général dEmpire, fait ici référence à son pamphlet, Considérations sur la police, observations sur les bruits quelle répand , et dans laquelle il dénonce ceux « qui ont renié le passé pour chercher à améliorer leur existence présente quont-ils prouvé par leur bassesse?
Il se fait à de multiples reprises remarquer par sa bravoure lors des campagnes Napoléoniennes, notamment avec la Grande Armée aux campagnes de 1805 à 1807, celles de 1808 à 1813 en Espagne, celle de 1814 dans larmée du Midi et en 1815 à la campagne de Waterloo à laquelle il fait ici référence. La seconde restauration le met définitivement à la retraite mais il reste empreint dun Bonapartisme des plus dévoués comme en témoigne cette lettre. Chef dans la conspiration de Saumur visant à lassassinat du roi Louis XVIII, il est trahi par des proches puis exécuté le 5 octobre 1822. Sa carrière politique, diplomatique et militaire est intimement liée à celle de son frère Napoléon. La mort de son frère Napoléon 1er et de son neveu Napoléon II fit de Joseph Bonaparte le premier héritier du trône impérial. Provenance: Catalogue Charavay, Paris (1950). L'item "Jean-Baptiste BERTON / Lettre autograhe signée / Napoleon Sainte Helene / 1820" est en vente depuis le mercredi 29 juillet 2020. Il est dans la catégorie "Collections\Lettres, vieux papiers\Autographes\Autres". Le vendeur est "laurent-autographes" et est localisé à/en Versailles. Cet article peut être livré partout dans le monde.