Carte-lettre autographe signée « Z » [à son éditeur Eugène Fasquelle] [Queen's Hotel, Upper Norwood], 1. Février [18]99, 2 pp. Depuis sa terre d'exil, Zola tente d'obtenir des nouvelles sur sa situation auprès de son avocat. « Mon cher ami, Nous comptons donc sur vous la semaine prochaine, le jour qu'il vous plaira de choisir. Prévenez-nous pour qu'on ne vous empoisonne pas trop ici, à l'hôtel.
Nous n'avons besoin de rien. N'apportez pas d'argent. La seule chose qui me ferait plaisir, ce serait que vous tâchiez d'avoir une conversation confidentielle avec Labori. L'avocat de Zola pour son procès, suite à la publication de « J'accuse. » , en lui demandant, pour moi, ce qu'il peut savoir d'exact sur la situation.
Mornard ne pourrait-il pas le renseigner un peu, à mon intention. Vous devez comprendre combien j'ai soif de renseignements précis, au milieu de l'effroyable gâchis que nous traversons.
Nos vives amitiés à votre femme, nous vous embrassons, vous et les vôtres. Z J'ignore encore si les Mirbeau sont arrivés aujourd'hui, nous les attendons ici demain.
Logé depuis le mois d'octobre 1898 au Queen's Hotel, dans la banlieue de Londres, Zola poursuit son exil depuis la confirmation de sa condamnation à Versailles, le 18 juillet de la même année. Mis à l'écart du tumulte parisien, l'écrivain exprime ici un besoin pressant d'en connaître davantage sur sa situation et le déroulement de l'affaire Dreyfus, qui continue de déchaîner les passions. Les magistrats de la Cour de cassation sont au même moment en plein examen du dossier Dreyfus, dont s'occupe Henry Mornard, l'avocat de la défense.
Les évènements des jours et semaines suivants, comme la mort brutale de Félix Faure, permettront aux dreyfusards d'espérer à un dénouement favorable. Après avoir succédé à Charpentier, Fasquelle devient l'éditeur de Zola en 1896. Il lui sert en outre de « banquier » et lui remet, dès que l'écrivain en éprouve le besoin, des sommes provenant de ses droits d'auteur.