UN DES PLUS GRANDS ET DES PLUS CELEBRES HOMMES DE LETTRES ET PHILOSOPHE FRANCAIS. BELLE ET INTERESSANTE LETTRE AUTOGRAPHE SIGNEE DE TROIS PAGES VRAISEMBLABLEMENT A GEORGES SAND LETTRE D'UNE FEUILE DE 26,5 CMS X 21 CMS PLIEE EN DEUX DANS LE SENS DE LA HAUTEUR DE FACON A FORMER DEUX FEUILLETS DE 13,25 CMS X 21 CMS CHACUN. LETTRE ECRITE SUR LE RECTO ET VERSO DU PREMIER FEUILLET ET LE RECTO DU SECOND FEUILLET. PAPIER BLANC FIN ET TRAME (LES PHOTOS ECLAIRCISSENT LA COULEUR).
LETTRE DATEE DU 15 FEVRIER 1875 DE LA MAIN DE RENAN ET SITUEE A PARIS EGALEMENT DE LA MAIN DE RENAN. UNE QUARANTAINE DE LIGNES ENVIRON (+ LOCALISATION + FORMULE D'INTRODUCTION + SIGNATURE) A L'ENCRE NOIRE. ECRITURE SIMPLE A DECHIFFRER, BELLE SIGNATURE. J'ai été peiné d'apprendre que votre santé vous empêchait d'écrire, et la reine en a été peinée aussi. Je l'ai vu plusieurs fois, à la Haye, à la maison du bois, au dîner chez le prince Frédéric, l'oncle du roi, et enfin, la veille du départ, à un petit dîner qu'elle a fait donner par le prince Alexandre à quelques personnes désignées par elle. Je l'ai trouvée ce que nous l'avons toujours vue, noble, intelligente, pleine de sympathie pour nous. Ce sentiment est, du reste, général en Hollande. La députation Française a été accueillie avec une faveur marquée. Plus d'une fois, la préférence sur nos orgueilleux voisins a été soulignée d'une façon presque imprudente.La députation a, de son côté, montré beaucoup de tact. Je crois que ça été une bonne campagne dont il restera quelque chose. Un toast de l'illustre hélléniste Cobet à la science française et à l'esprit français, seul capable d'emppêcher la science de dégénerer en pédantisme, a fait une vive impression. Pauvre pays, quel rôle il aurait encore, malgré ses blessures, s'il pouvait sortir de ses déplorables hésitations politiques!
Je suis plus désolé que jamais; je ne vois aucune issue. Dès que la saison sera un peu plus clémente, j'irai vous voir avec Ary. Nous causerons à loisir; croyez en attendant à notre vive amitié. QUELQUES MOTS SUR LE CONTENU DE LA LETTRE - Renan fit en février 1875 un voyage à La Haye et à Leyde, voyage au cours duquel il vit souvent la Reine Sophie. Il y vint notamment pour le tricentenaire de la fondation de l'Université de Leyde. Comme Renan le dit dans sa lettre, l'accueil qui lui fut réservé fut bienveillant, parfois chaleureux : discours, banquet, réceptions chez la Reine Sophie ou ses proches. Renan jouissait en dehors de la France, d'un grand prestige et la reine Sophie était l'une de ses grandes admiratrices. Renan se sentait à l'aise aux Pays Bas.. On retrouve dans cette lettre quelques noms familiers de la cour de Hollande : Frédéric d'Orange-Nassau, frère du roi Guillaume II et oncle du roi Guillaume III, roi régnant en 1875. Le prince Alexandre d'Orange-Nassau, fils de Guillaume III et de Sophie de Wurtemberg, la reine Sophie dont il est beaucoup question dans la lettre. La reine Sophie de Hollande entretient de nombreuses relations épistolaires avec des intellectuels français dont Renan.Elle était très francophile et la France et les Pays-Bas entretenaient des rapports très cordiaux comme on le lit dans la lettre (au détriment de l'Angleterre " nos orgueilleux voisins " comme le dit Renan dans sa lettre). La situation de la France en février 1875 est très incertaine comme le souligne Renan : " Pauvre pays, quel rôle il aurait encore, malgré ses blessures, s'il pouvait sortir de ses déplorables hésitations politiques ". Après quatre années de gestation incertaine, la III. République est définitivement adoptée à Versailles en 1875. Elle a triomphé des querelles des monarchistes mais peine à s'imposer.
La lettre est vraisemblablement adressée à Georges Sand : Renan était très proche d'elle et fut un des derniers fideles qui assista à ses obsèques en juin 1876 à Nohant avec, entre autres, Flaubert, Dumas fils. En février 1875, Georges Sand, 71 ans, est déjà bien malade et n'ecrit guère plus comme le souligne Renan.